"Jeudi 2 octobre, après deux heures d'efforts
, une équipe de Saint-Servaisiens bénévoles et d'un
physique solide a procédé au décrochage de l'immense toile (280x600)
représentant la légende de Salaün ar Foll, le saint patron du
Folgoët. Cet immense tableau se trouvait dans l'Ossuaire et cachait une peinture
murale recouvrant tout le mur ouest. Une oeuvre encore inconnue du peintre
Yan' Dargent. On imagine aisément l'enthousiasme de Jean Berthou, le conservateur
du musée
communal !
La toile représentant Salaün ar Fol avait été placée dans l'Ossuaire par Yan'Dargent lui-même en 1895. Elle pèse au moins 200 kg avec un châssis fragile, un cadre incomplet. Il a fallut tout l'art de Richard Breton, qui dirigeait la maneuvre, pour mener à bien une opération délicate et périlleuse pour l'oeuvre d'art qui venait juste d'être restaurée par le peintre Quentin Arguillère de Plouaret. Tous, et en particulier le Conservateur attendaient avec anxiété ce qu'il y avait sur mur. Leur attente n'a pas été déçue. Une remarquable peinture à l'huile sur enduit de 280 x 800 couvrait toute la surface.
Une oeuvre inconnue datant de 1870.
Selon Jean Berthou, cette création de l'artiste remonte aux années 1870.
Elle a été intitulée "Ar peden Hag an aluzen a denn an eneou
a boan", Texte gravé sous l'oeuvre. Traduction : "la prière et l'aumône
soulagent la peine des âme". Rarement titre a mieux convenu à une
représentation picturale. Elle se présente sous la forme d'une tryptique
flanqué de deux anges en pied qui sont comme les hérauts de la légende.
Le panneau de gauche illustre la prière : dans le cimetière qui pourrait
être celui de Saint-Servais, on distingue le clocher d'une église, deux femmes
éplorées prient sur une tombe, simple dalle de pierre. Le tableau est d'une
tonalité sombre où dominent le bleu profond et le noir. A droite, le panneau
consacré à l'aumône. Sortant de l'église avec les fidèles,
une noble dame s'avance et vient en aide à de pauvres mendiants à genoux dont
l'un est infirme. Tonalité dominante : la rouge.
Une femme ailée toute vêtue de blanc.
"Le panneau central est la résultante des deux autres", explique Jean
Berthou qui jubile. Une âme sort d'une tombe dont on vient de déplacer le
couvercle de pierre. Sous la forme d'une femme ailée toute vêtue de blanc,
elle s'élève triomphante vers le ciel. Tout autour gravite une foule dont on
ne sait encore s'il s'agit de défunts ou de pénitents. L'état de
conservation de l'ensemble étonne. Malgré les injures inévitables du
temps, de l'humidité et des variations de température, l'oeuvre n'est pas
détériorée. Certes, elle aura besoin d'une restauration. Selon les
premières appréciations de Q. Argillière, cette restauration peut
être envisagée. On en saura davantages prochainement. Il faudra aussi trouver
les deniers pour cette intervention ou un mécène qui y attacherait sont nom,
apportant ainsi une nouvelle richesse au patrimoine local. Il s'agit en effet d'une nouvelle
création de Yan'Dargent, non répertoriée, inconnue de tout le monde.
Une oeuvre qui met en lumière le travail d'ornementation des églises
réalisé par le peintre. Le tableau qui a été
décroché du mur de l'ossuaire (Salaün ar Fol) vient de trouver sa place
dans l'église. Deux oeuvres qui vont certainement attirer à Saint-Servais
les curieux comme aussi les amateurs d'art.
Cet article est paru le Samedi 11 octobre 1997 au "Progrès-Courrier". Effectivement la découverte de cette nouvelle fresque est un événement de taille pour le musée !